« J’ai connu Aldo quand je traînais mes culottes de petit rural sur les bancs de la communale. Nos frères aînés nous avaient préparé le poli de leur bois et je le peaufinais alors avec mes camarades.
Ecrire ces simples phrases évoque irrésistiblement le mouvement de mes genoux écorchés qui s’agitent nerveusement sous le pupitre. Un bruit de craie qui claque et crisse, une odeur de crayon gris, celle du petit voisin toiletté à la hâte, le tabac froid du mégot que notre maître portait en permanence collé à la lèvre inférieure et… l’encre violette. Tel Ganymède, l’élève chargé du service versait le fluide de la connaissance et de l’émancipation dans l’encrier de porcelaine avec tout le sérieux que demandait ce rite. C’était aussi la belle échappée, à l’heure de la sortie, et nos poursuites dans les rues de notre petit village du Quercitain. »
Après Récits Improbables, Terribles ou Légers, du Pays de Mormal, l’écrivain Michel-René Bouchain poursuit ses rencontres et nous fait partager dans ce second recueil intitulé Récits Furtifs, entre Haine et Male Mort, l’existence de ses « héros ordinaires ». S’il reste fidèle à sa région d’adoption, il étend sa vision du Pays de Mormal au Valenciennois jusqu’au pays de la Haine qui coule de Mons à Condé-sur-l’Escaut et a donné son nom à cette province.
Les lieux deviennent propices à l’inspiration et aux anecdotes, souvenirs, témoignages. Ici aucune nostalgie passive mais la vie avant tout et… le plaisir de conter.